Chapitre 1 - DUNGARD

DUNGARD

Une rumeur circule : plusieurs hommes auraient étés secourus aux environs de Dungard, ils leur manquait tous quelque chose, leur yeux.

Etrange ressemblance avec l'histoire de mon grand compagnon, ma décision est prise, je vais m'inviter dans cette ville.

Je l'aperçoit la ville au loin, les premières neiges font leur apparition sur les hautes montagnes derrière.
Avant de commencer ma recherche, je vais devoir entrer dans la ville.

J'avance à pied, mon sac de voyageur sur mon dos

Je n'arrivais pas à y croire quand De Crac me l'a annoncé... on tenait peut être enfin une piste sur mon passé.

Nous nous sommes immédiatement mis en route vers cette ville dénommée DUNGARD. Plus les jours passaient, plus le froid devenait mordant. Ce matin, De Crac m'a annoncé voir de la neige au loin, je comprend mieux. L'hiver est en avance cette année, j'espère qu'il ne sera pas trop rude.

Il semble que nous soyons arrivés devant la ville. Il ne nous reste plus qu'a trouver un moyen d'entrer sans attirer l'attention.

Le petit chemin sur lequel de Crac et Athanase avance depuis quelque jour semble en effet se terminer sous une immense muraille de pierre grise qui bloque l’accès à la vallée suivante. Un garde en armure de protecteur se tiens à côté du portail en métal fermé, et est occupé avec un villageois qui tente de passer.

« Mais c’est pas possible ! Je vous dis que je vis de l’autre coté – je suis juste venu chercher des fleurs pour ma femme, sinon elle me fait des scènes pas possibles, et je me suis à peine égaré ! »

Le garde à la main tendu en travers d’une petite porte ouverte dans le portail.

« Inutile d’insister mon vieux – personne ne rentre, personne ne sort. Pas tant qu’on n’aura pas chopper ces ordures qui crèvent les yeux. »

Dépité, le paysan s’éloigne de la porte en marmonnant

« …. Et bien au moins ça me fait une excuse pour rester chez ma maitresse… »

La muraille semble mesurer une quinzaine de mètres de hauts, et s’efface de part et d’autre du col dans des sommets montagneux. La journée touche à sa fin, mais il reste encore quelques heures de soleil – et d’expérience, de Crac sais que Dungard est atteignable avant la nuit s’ils arrivent à passer la porte.

Derrière eux, quelques paysans escaladent le chemins, ignorant qu’ils vont bientôt, eux aussi, se faire refuser l’entrée à la cité du dragon du métal.

Nous nous arrêtons à quelques dizaines de mètres du garde.

Je rafraichis mon parfum à l'anis, et recoiffe mes cheveux en arrière. Pour entrer dans la cité de Kezir, autant faire bonne impression.

Je me tourne vers Athanase tout en tapotant ma tunique de façon à enlever la poussière du voyage :
"Nous y voilà, la porte est à 30 mètres, mais comme tu l'a entendu elle est gardée. Suis-moi, j'ai un plan."

Nous approchons du garde, et je lui adresse mes salutations :
"Salutations, l'expérience de la vie se forge chaque jour , et mon compagnon moi-même souffrons. Il a perdu ses 2 yeux, et moi un seul, arrachés par des brigands ! Ces ordures .. nous avons besoin de soins , auriez-vous la fidélité de nous recueillir en votre cité ?"

De plus près, le garde apparait comme un jeune homme dans sa vingtaine, au regard vif et méfiant. Sans agressivité – mais avec nervosité, il tapote sur son bouclier de ses dix doigts. L’épée est rangé dans un fourreau sur le coté de sa tenue.

« C’est vrai que vous ne devez plus voire bien clair… Mais ces blessures de dates pas d’hier, et elle m’ont l’air bien guéries !.. Mais puisqu’ils vous restent un œil, vous savez à quoi ils ressemblent ces brigands ? Ça vous est arrivé où cette agression ? »

Derrière lui, à travers la petite porte entrouverte, on peut entendre d’autres voix qui rigolent et semblent jouer à un jeu.

Pendant que De Crac discute avec le garde je concentre toute mon attention sur le jeu que j'entend derrière lui. J'essai de savoir si c'est un jeu que je connais afin de pouvoir aider un des joueurs éventuellement en train de perdre.

Ce garde a l'air plus futé que prévu, mais il est jeune et ne devrait pas résister à une petite pression.

"Désolé je me suis mal fait comprendre, concernant mon oeil je l'ai perdu il y a bien longtemps oui, mais ceux de mon compagnon sont encore saignants. Comment pouvez-vous voir ses blessures à travers son bandeau ? J'ai en effet administré un soin d'urgence, mais je crains qu'une infection se propage !
...
Sans aide de votre part j'ai peur que son cerveau ne soit atteint rapidement et que les souvenirs, .. difficiles.. , de l'attaque des brigands ne s'estompent."

L'important est de passer cette porte, une fois à l'infirmerie on trouvera un moyen de se faufiler, voir même de rencontrer d'autres blessés et glaner des informations vitales ...

« Bah alors Aknos – on à encore parié quatre cuivres sur la mauvaise main ? »

Un éclat de rire se fait entendre

« Fallait peut-être compter les songes de Nenya avant de parier pauvre abruti ! »

Des bruits de pièces qui changent de main et un grognement laissent entendre que le bon Aknos s’est encore fait plumer !

Les gardes semblent jouer aux « Songes de Moryagorn », un célèbre jeu de carte chez les artisans, où il s’agit de deviner le nombre de cartes associé à chaque dragon dans la main de son adversaire. Chaque carte contient un peu de la puissance élémentaire des dragons représenté : du sang pour le dragon de l’ombre, du métal pour Kezyr, une feuille pour Heyra et – pour le dragon des rêves – un petit sortilège. Les atouts de Nenya sont d’ailleurs utilisés pour de la divination, mais sans que personne ne sache si cela fonctionne réellement.

Les tapotements sur le bouclier cessèrent.

« Et bien… »

Le garde avait l’air embêté…

« Je suppose que… »

« Vous supposer bien ! » Annonça de Crack avec aplomb, flanqué par Athanase

La porte s’ouvrit alors et ils passaient par le petit couloir qui traversait la muraille, tandis que le garde hurlait des instructions derrière eux :

« Les gars, voici d’autres blessés ! Appeler le superviseur Garon – et voyez s’ils peuvent aller chez un prodige se faire inspecter ! »

De l’autre coté du couloir, le soleil déclinant semblait transmuter les pics rocheux en montagnes de mercures. L’aveuglement était le cadet des soucis de nos deux compagnons, mais il semblait dans ses dernières heures que le jour avait décider de tout illuminer d’une lumière intense, et nul ombre ne se dessinait aussi loin que l’œil valide de Crac pouvais voir.

Quelques gardes (5) jouaient encore sur des tabourets de toile tendue autour d’une table, tandis qu’un dernier vint inspecter les nouveaux venus.

« Il n’a pas l’air en forme votre compagnon … »

Il ne termina pas sa phrase, sans doute surpris par le physique brut d’Athanase qui tranchait avec son apparente infirmité. Physique qui avait l’air tout à fait en forme lui.

« … Et bien, je suppose que vous pouvez tentez de rejoindre Dungard, mais attention où vous mettez les pieds, les routes ne sont plus très sûres en ces temps-ci, mais vous le savez bien… »

Encore une fois le garde marqua une pause en se rendant compte de ce qu’il venait de dire.

« … Ou alors vous pouvez rester veillez sous la muraille. Les quartiers sont réservés aux gardes, mais je doute que qui que ce soit viennent vous attaquer aussi proche d’une garnison Ah ah ! »

"Merci soldat, vous pouvez disposer "

Je me retourne vers Athanase :

"Tu as toujours l'eau de vie que nous avons empruntée à la dernière auberge ? Que dirais-tu d'une petite partie de carte ?"

Nous prenons la direction des gardes, je me retourne à mi-chemin : "Une dernière chose soldat ! Pouvez-vous indiquer au prodige que nous l'attendrons ici ?"

"De l'eau de vie ? Oui il doit en rester un quart environ, assez pour nous faire accepter à cette table".

Pourquoi pas après tout, je pense deviner le plan de De Crac. Cette table de garde nous permettra surement de glaner des bribes d'informations sur ce qui se passe dans la région. Et puis, si je peux nous rapporter un peu d'argent au passage ce ne sera pas de trop.

"Guide moi vers cette table, il est temps de leur montrer comment on joue au Songes de Moryagorn".

Les soldats accueillèrent avec méfiance De Crac et Athanase. Dans les marches du royaumes, comment faire la différence entre un simple mendiant et un puissant mage, un aventurier au long cours et un brigand de passage ?

Chacun de leurs gestes était scruté, et les épées n'étaient pas rangées bien loin.

"Alors, on joue pour combien ?"

Athanase prit place entre deux soldats, aidé par ces derniers qui furent rassurés de voir qu'il était bel et bien aveugle - même si sa carrure continuait d'instaurer un malaise palpable à la petite table où étaient réunis les joueurs.

"Deux drac de fer ? Mise classique ?"

Les soldats grognèrent mais acceptèrent. Il avait l'habitude de jouer pour bien moins, car c'était avant tout un passe temps. Mais leur expérience était redoutable, et ils avait pour la plupart acquis un sens innées des cartes qui, sans qu'ils sachent exactement pourquoi, leurs permettait de battre les probabilités dans la plupart des cas.

On distribua d'ailleur la première main, et le soldat à droite de de Crac selectiona trois carte sur cinq qu'il plaça face caché. L'astuce était de mettre des éléments qui soit soit identiques, soit si différents qu'on puisse les distinguer.

"Hummmmm un Neya et deux ... deux Ozyr"

Le soldat à gauche retourne les cartes, un Neya, un Ozyr et un Kalimshar.

C'était un acte osé de placer un Kalimshar. Pas stratégique, mais qui voulait dire qu'on n'avait pas peur.

Deux points pour les soldats. Le gagnant à Neuf - comme le nombre de dragons.

Athanase plaça à son tour trois cartes face cachés sur la table, et de Crac passa sa main légère sur la surface veinée de leur dos...

Je ressens des vibrations très légères, un sentiment d'apesanteur m'envahi sur les deux premières cartes.

Je connais cette sensation, la même qu'il y a bien longtemps j'ai ressenti lorsque Bourdoule s'en est allé dans son bordel pour l'éternité.. Que deviens donc Mickaela d'ailleurs ...

Je sors de ma rêverie et passe sur la carte suivante, elle ne m'inspire pas, je ne ressens aucun malaise cependant.

"Deux Neya et un Kezir."

De Crac retourna les cartes de sa main droite :

Un Neya, un Szyl, un Kezyr. Pas mal pour un début de partie. Et au final, des portails aux vents du large, pour revenir dans les marches de Dungard, cela représentait assez bien le chemin parcouru.

A lui de choisir des cartes !

Les songes de Moryagorn sont bien plus qu'un jeu quand on connait un peu, je vais essayer d'en apprendre plus sur ces gardes, et l'état de cette cité.

J'étudie les 5 cartes ... je choisi deux khy et un Krorin que je pose face caché.
Le Kezir restera dans ma main, ça aurait été trop facile pour eux, de même que le Kalimsshar que je rechigne à jouer. Un frisson me parcours l'échine.

Un vent frais traversa le canyon et fit vriller les bougies sur la table. Il passa par-dessus la muraille, et disparu en sifflant dans la plaine, de l’autre côté, plus bas. Sur la table, les cartes face caché restèrent un instant posé là, sans que personne n’y touche.
Les soldats réajustèrent leur équipement mécaniquement, ici en lissant un pli sous la couture du cuir clouté, là en jouant avec leur ceinture pour s’assurer qu’elle était bien attachée.

« C’est à toi de jouer Aknos. »

Aknos ne bouge pas, et regarde au-dessus de l’épaule de de Crac, sur le flanc des montagnes environnantes.

« Aknos ? »

« Pardon, j’ai cru voir quelque chose, mais c’est sans doute rien … »

« Tu ferais mieux de te concentrer sur les cartes, y’a de l’argent en jeu mon vieux… »

Aknos touche les cartes.
« Un Khy et…. Un Kezyr un Onyr ? »

Les cartes sont retournées, un seul point pour les soldats. Athanase esquisse un sourire.
« C’est pas comme ca qu’on va gagner la partie ! »

Dans la nuit qui avance, les soldats choisissent des cartes à nouveau, et les placent devant notre compagnon aveugle.

Alors que je me penche vers De Crac pour lui souffler des conseils avant notre prochaine main je m'arrête net. Quelque chose ne va pas. Un frisson glaciale me descend dans l'échine.
Mes bourreaux m'ont peut être ôtés la vue, mais ça n'a fait que développer tous mes autres sens.
Je glisse à l'oreille de De Crac, tout en désignant les cartes pour que les soldats ne soupçonnent rien:

"Quelque chose ne va pas, tend l'oreille, derrière le brouhaha de la foule.. il n'y a plus rien au dehors des murs... Plus de chants d'oiseaux, d'animaux, plus aucun mouvement. Quelque chose approche, quelque chose de terrible."